La contamination bactériologique des eaux de baignade
Elle correspond à la présence de germes microbiens (bactéries, virus et parasites) dont certains sont pathogènes pour l'homme. Cette contamination concerne pour l'essentiel des germes pathogènes d'origine fécale humaine et/ou animale.
Quelle origine ?
Le suivi régulier de la qualité des eaux de baignade permet de détecter la présence de pollutions microbiologiques pouvant être liées à divers rejets et usages éventuels situés à l’amont du site.
Ces contaminations peuvent provenir, entre autre, d’un dysfonctionnement au niveau :
- d’un assainissement collectif (insuffisances, défauts structurels ou dysfonctionnement ponctuels des systèmes d'assainissement collectif des eaux usées domestiques ou pluviales (Station d’épuration, réseau d'assainissement, poste de relèvement)) ;
- d’un assainissement non-collectif (ou assainissement autonome : défaillances ou non-conformités des équipements (fosse septique, épandage)) ;
Mais aussi :
- des activités récréatives du littoral ;
- des activités agricoles des bassins versants ;
- de la faune sauvage
D'autres facteurs interviennent également dans le processus de contamination des eaux de baignade :
- la saison : en saison estivale les activités de tourisme augmentent la pression anthropique sur le littoral (le nombre d'habitants croissant et les rejets),
- la pluviométrie : les précipitations entrainent le ruissellement des sols jusqu'au cours d'eau et jusqu’au littoral. En cas de forte pluie, elles peuvent occasionner la saturation ou le mauvais fonctionnement des ouvrages d'assainissement,
- la géomorphologie du bassin versant : le relief, la géologie, l'importance du réseau hydrographique (les cours d'eau), l'occupation des sols...,
Pour quels effets sur la santé des baigneurs ?
Une baignade dans une eau présentant une dégradation bactériologique, peut entrainer des troubles sur la santé. Généralement, ils sont bénins, mais au-delà d’une certaine concentration, le contact avec des germes pathogènes peut entrainer les symptômes suivants :
- affections des voies respiratoires supérieures ;
- troubles gastro-intestinaux ;
- (et moins fréquemment) infections des oreilles et des yeux,
- dermatoses.
Le risque dépend à la fois du niveau de contamination de l'eau par des germes pathogènes, mais aussi de l'état de santé du baigneur lui-même et de son activité (durée de la baignade, immersion de la tête) :
Un contrôle réglementaire mis en place par l’ARS :
Dans chaque département qui la compose, l’ARS Nouvelle Aquitaine a en charge l’organisation du contrôle sanitaire des eaux de baignade.
Ce contrôle est mis en place en application de la Directive 2006/7/CE du Parlement européen et du Conseil du 15 février 2006 concernant la gestion de la qualité des eaux de baignade et abrogeant la directive 76/160/CEE.
Les prélèvements et les analyses du contrôle sanitaire sont réalisés par les laboratoires agréés, attributaires, pour chaque département, du marché du contrôle sanitaire des eaux de loisirs.
La qualité des eaux de baignade est évaluée au moyen d’indicateurs microbiologiques.
Les analyses microbiologiques effectuées concernent le dénombrement des germes (bactéries) témoins de contamination fécale. Ces micro-organismes sont présents dans la flore intestinale. Leur présence dans l’eau témoigne de la contamination fécale des zones de baignade. Ils constituent ainsi un indicateur du niveau de pollution, notamment par des eaux usées, et traduisent la probabilité de présence de germes pathogènes. Plus la numération de ces germes est importante, plus le risque sanitaire est élevé.
Les bactéries recherchées en laboratoire sont :
- les Escherichia coli
- les Entérocoques Intestinaux
L’interprétation sanitaire de chaque analyse se base sur ces deux critères bactériologiques. Les prélèvements qualifiés de « bon » et de « moyen » sont considérés comme «conformes». Les «mauvais» sont «non-conformes».
Ci- dessous, sont présentées les valeurs seuils pour le classement (échantillon unique) des eaux de baignade. Ces seuils sont également utilisés dans le cadre de la gestion active des baignades (ouverture et fermeture de zone).
* UFC : unité formant colonie
L’ARS surveille également les cyanobactéries dans l’eau
Sur les sites de baignades en eau douce, les points d’eau à risque sanitaire vis-à-vis de la prolifération de ces micro-algues, sont sous la surveillance de l’ARS qui effectue des contrôles réguliers, en lien avec les responsables de site, pour s’assurer de la bonne qualité de l’eau.
En cas de suspicion de présence et de développement de cyanobactéries, les responsables de ces points d’eau alertent l’ARS pour procéder à des analyses.
Pour en savoir plus : En bas de page "Aller plus loin / Cyanobactéries dans l’eau : quelles mesures de précaution ?
Que se passe-t-il si les résultats d’analyses du contrôle sanitaire ne sont pas conformes ?
En cas de mauvais résultat d’analyse, une demande de fermeture temporaire de la baignade est adressée par l’ARS aux maires ou aux gestionnaires. Un nouveau contrôle est programmé pour permettre une éventuelle levée d’interdiction.
L’ARS peut aussi procéder à des visites sur site ou à des inspections, pour vérifier la bonne application de la réglementation et notamment les modalités d’information du public.
Lorsque la qualité des eaux de baignade ne répond pas aux normes, le maire doit interdire la baignade et en informer le public.
Une surveillance mise en place par les PREB (personnes responsables des eaux baignades) :
Depuis 2013, au vu de l’évolution de la réglementation et des objectifs de qualité à atteindre sur les eaux de baignades, les communes ont fait le choix de renforcer leur auto surveillance. C’est dans ce cadre que s’inscrit la gestion active.
Cette gestion permet au PREB d’anticiper les mesures qui s’imposent en cas de risques de dégradation de la qualité de l’eau ou de pollution constatée de la plage. L’objectif est d’éviter l’exposition des baigneurs au risque sanitaire.
Depuis 2013, plusieurs communes en Nouvelle Aquitaine ont fait le choix d’une gestion active.
Cette gestion consiste à surveiller en début de journée, avec une fréquence prédéfinie, la qualité de l’eau de la baignade. Cette surveillance est réalisée sur les mêmes paramètres bactériologiques que pour le contrôle réglementaire, mais à l’aide de méthodes d’analyses rapides, ce qui permet d’avoir des résultats en 6-8 heures et de prononcer, sans attendre, les actions correctrices à mettre en place. Pour rappel, la méthode de référence Afnor utilisée par les laboratoires agréés nécessite un délai de 72 heures.
En effet, en cas d’anomalie constatée lors d’un prélèvement, ou lorsque les résultats sont mauvais, des actions de prévention, de correction et des investigations de recherches de pollution sont engagées pour réduire au maximum les risques sanitaires pour les baigneurs.
Les résultats d’analyses en gestion active permettent également, dès l’obtention d’un bon résultat, la réouverture des plages sans attendre les résultats du contrôle réglementaire (72 heures).
En sus de la gestion active, les communes, sur la base des éléments de gestion définis dans le profil de vulnérabilité de leurs eaux de baignade, surveillent également les changements de caractéristiques du milieu, signes précoces d’un éventuel phénomène de prolifération des cyanobactéries ou d’autres paramètres d’ordres physiques (houle, vent, marée, courant, pluviométrie, débit des ruisseaux) qui peuvent influencer la qualité de l’eau de la baignade. En cas de risque avéré (dépassement de seuils), les PREB peuvent interdire temporairement et préventivement la baignade par un arrêté municipal et prendre les mesures d’information du public. Cette démarche, très attendue par l’ARS est à privilégier car elle permet de garantir en amont la sécurité sanitaire des baigneurs.
Par exemple, en cas de fortes pluies dans les zones vulnérables, pouvant influencer la qualité de l’eau, des interdictions préventives de baignade peuvent être prononcées par les PREB sans attendre la réception des résultats d’analyses de l’auto surveillance.
Avant la saison
L’ARS édite une affiche sur les classements de la saison précédente qu’elle fournit aux communes et à l’ensemble des partenaires travaillant sur la qualité des eaux de baignades en Nouvelle Aquitaine. Cette affiche est apposée à proximité des zones de baignades.
Avant la saison, les PREB ont l’obligation d’actualiser les fiches de synthèse des profils de vulnérabilité des baignades et de les afficher à proximité des sites de baignades.
Pendant la saison
L’ARS assure la surveillance de la qualité des eaux de baignade et communique dès leur réception, les résultats d’analyses aux PREB en éditant des bulletins d’analyses. Ces bulletins doivent être affichés sur le site de baignade.
Après réception par les laboratoires, ces résultats sont également mis en ligne régulièrement par l’ARS sur :
Après la saison
L’ARS établit le bilan de fin de saison via la rédaction d’un rapport et présente ce bilan aux différents partenaires de travail et aux membres du Comité Départemental des Risques Sanitaires et Technologiques (CODERST).
Conformément à la directive n°2006/7/CE du Parlement européen et du conseil du 15 février 2006, les eaux de baignade sont classées sur la base des résultats du contrôle sanitaire des quatre dernières années. L’ARS réalise ces classements de fin de saison sur l’ensemble des plages contrôlées, et selon les niveaux de qualité suivants :
Ces données sont remontées auprès du Ministère de la Santé chargé de rédiger un rapport transmis à la Commission Européenne.
Des courriers sur les classements de fin de saison sont envoyés aux gestionnaires des baignades et au préfet de chaque département pour information avant le 15 novembre de chaque année.
Conformément à la directive n°2006/7/CE du Parlement européen, pour chaque site de baignade est établi un profil de vulnérabilité des eaux de baignade.
Ces profils sont réalisés ou révisés par les PREB, ils correspondent à une identification et à une étude des sources de pollution pouvant affecter la qualité de l'eau.
Ces études sont destinées à évaluer la vulnérabilité des sites et les risques de pollutions potentielles.
Elles permettent la priorisation de travaux pour supprimer ou réduire les sources de pollution. Etudier la vulnérabilité des baignades permet de renforcer les outils de prévention à la disposition des gestionnaires.
Figurent également dans les profils de vulnérabilité des eaux, les protocoles de gestion active et préventive permettant de diminuer l’exposition des baigneurs à une dégradation de la qualité de l’eau (pollution ponctuelle, apports extérieurs…). Outre le diagnostic qu’il présente, en termes de risque de pollution, un profil de baignade est un outil qui permet aussi de prédire une potentielle dégradation de la qualité des eaux de baignade. Il peut être fait appel à des modèles prédictifs de déplacement des pollutions et à leur impact éventuel sur les zones de baignade.
- baignez-vous dans des zones contrôlées ;
- informez-vous auprès des autorités locales sur la qualité de l'eau (les analyses doivent être affichées à proximité du site de baignade) ;
- renseignez-vous sur les sources de pollution potentielle (nature du rejet, emplacement) ;
- respectez les interdictions qui pourraient être prononcées en cours de saison par les gestionnaires ou les services de contrôle locaux ;
- évitez de vous baigner après des orages violents susceptibles d'avoir conduit à des rejets non maîtrisés ;
- N’hésitez pas à exprimer vos observations dans le registre obligatoire mis à disposition en mairie.
La qualité de l'eau de baignade représente un facteur de santé mais est devenue également un élément important de développement touristique.
Depuis la publication de la directive du Conseil des Communautés Européennes du 8 décembre 1975, la mission de contrôle sanitaire des eaux de baignades a été développée, en France, par le ministère en charge de la Santé Publique.
Cette action à caractère préventif, renouvelée chaque saison estivale, est organisée localement par l'Agence Régionale de Santé et fait l'objet d'un rapport annuel départemental relatif à la qualité de l'eau.